La notion de « plateforme », dans sa prétention scientifique, manifeste toujours à la fois une grande polysémie et une non moins grande polychésie. Néanmoins, on s’accorde aisément sur le fait que les « plateformes numériques » se rapportent à une modalité d’instrumentation de la communication - c’est-à-dire la présence sine qua non d’un dispositif technique de médiatisation - et que ce dispositif implique un mode d’organisation spécifique (des mises en relations multiples coordonnées par un opérateur). À partir de ces éléments, nous proposons de considérer ces plateformes comme des dispositifs d'intermédiation médiatisée en vue d'une production. Ce faisant, il s’agit d’insister sur le fait qu’un dispositif déborde la seule dimension technique (bien que celle-ci soit prégnante) et se compose également de normes et de conventions, de représentations et de justifications portés par des discours d’escorte, bref, d’une pluralité d'éléments qui, en l’occurrence, participent de la configuration de la relation. Il s’agit également d’insister sur le fait qu’une plateforme en ligne a comme finalité une production et que celle-ci procède de la relation. La question centrale est dès lors : qu’est-ce qui est produit par cette mise en relation ?
L’expression "littératie numérique" peut être entendue comme la capacité à comprendre, à utiliser et à créer des écrits sur des supports numériques. Mais s’agit-il de savoir coder, de maîtriser une écriture multimédia ou multimodale, ou encore d’être en mesure d’argumenter et de délibérer en ligne ? Cet article dégage trois niveaux d’interrogation du numérique comme nouvelle modalité de l’écriture : l’écriture comme code informatique, l’écriture comme expression médiatique, et enfin l’écriture comme argumentation ou discours rhétorique.